samedi, mai 08, 2010

GR10 : CARNET DE BORD DE MES 5 PREMIERS JOURS...

01/05/10 : Transfert vers Hendaye (départ de la gare de Facture)

avec mon packtage (17 kg sur le dos dont 2 litres d'eau).

En parlant de packtage : voici une vue du contenu de mon sac :
















01/05/10 : 1er jour : Hendaye -> Col d'Osin

Départ de mon périple depuis la plage d'Hendaye en face de l'ancien casino à 10h :




Panneau signalant le parcours du GR10
Passage par la port de Hendaye et montée vers les hauteurs

















15h Bivouac au Col d'Osin :

Arrivée au col , dressage de la tente pour la seconde fois (la première était l'essayage dans ma maison), premier déballage du sac, première popote, première nuit difficile, au son des cloches des vaches




La tente, mon sac, tous mes vêtements sentent la plume d'oie et de canard (merci mon sac de couchage!)










01/05/10 : 2ème jour : Col d'Osin -> Sare
Réveil tôt et difficile la tête dans le brouillard (au sens propre et figuré)

Les premiers Pottoks rencontrés au bord du chemin



Un groupe de randonneurs espagnols accompagnés d'un guide, tous à la queue leu leu, m'ont dépassée, mais eux n'avaient pas un sac de 15 kg sur le dos...
















Belle vue sur le Pays Basque HUMIDE, avant le ...

... le brouillard :












Traversée d'un bois brulé (un chasseur au renard m'explique qu'un fou a volontairement mis le feu à ce bois), de quoi me rassurer...

Petit brin de toilette et vaisselle dans la rivière entre deux giboulées et parmi les murs végétaux.












17h : arrivée à Sare. Je demande à dormir en bordure du jardin d'un maître d'oeuvre, qui s'avère connaître et travailler avec l'architecte de mes parents, comme le monde est petit...

J'improvise une douche avec lavage des cheveux, quelle erreur !

La nuit est très très mouillée, le bruit de la pluie sur la tente m'empêche de dormir.


03/05/10 : 3ème jour : Sare -> Venta

Troisième jour et second réveil difficile, je sens la fatigue arriver, j'ai du mal à sortir de la tente d'autant qu'il pleut toujours et qu'il me faut attendre une éclaircie pour plier la tente. Mes cheveux sont encore mouillés de la veille !

Heureusement le temps se met au beau, temporairement, je ne sais pas encore ce qui va me tomber dessus !

Dernière vue sur l'Océan Atlantique








J'arrive sur la montagne de la Rhune


















Le GR10 croise le sentier pour monter à la Rhune, je croise enfin quelques randonneurs

Descente vers Ainhoa, petite escapade pour visiter le village puis montée par le chemin de croix de la vierge de Ainhoa avec son calvaire et sa chapelle (en haut)

Je croise un autre chemin de compostelle "chemin de BAZTAN" que je ne connais pas.

Départ d'Ainhoa par un temps correct...







1h plus tard ... (merci d'incliner votre tête à gauche)




Ce soir repos bien mérité dans une venta espagnole, au chaud, dans un dortoir confortable, douche chaude en prime !


04/05/10 : 4ème jour : Venta -> col
Je me réveille reposée.

Mes vêtements sont pratiquement secs, mon ventre est chargé d'un bon petit déjeuné préparé par mon hôte. Je reprend le chemin, brumeux, humide, mais il ne pleut pas. Il fait bien froid, je me situe à 800m d'altitude mais aujourd'hui je dois dépasser les 1000m...

La route est miraculeusement sèche mais les chemins ne le sont pas encore.

Le GR10 passe à Bidarray, j'y suis à midi pour manger un morceau au chaud


Puis le chemin remonte de façon très pentue, le vent commence à souffler très fortement; à tel point qu'il faut que je veille à bien orienter mon dos (contre le vent) pour ne pas me faire prendre de travers et basculer.

A partir de là, les photos se font plus rares, compte tenu de la difficulté à avancer.
Je commence à ressentir le froid, les températures ont terriblement chuté.
Les nuages se remontent la montagne poussés par le vent, je n'ai plus de vue sur la vallée.
Alternance de grêle et de grésil, je ne sais pas quelle température il fait, mais il fait froid.
J'évolue à 1200m, passage par le col d'Iparla



Les images parlent d'elles même.
Je décide de bivouaquer à l'orée d'un bois dans un col, là ou j'ai trouvé un peu de plat.
La tente est vite montée sous la pluie, j'utilise mon dernier T-Shirt sec pour essuyer l'intérieur de la tente avant d'y introduire mon sac. Il est 16h, je n'en ressortirai pas jusqu'au petit matin 6h.

Recit de cette nuit ! et quelle nuit !
Alors qu'il tombe du grésil, le vent s'intensifie.
J'entends les bourrasques arriver dans le sous-bois avant qu'elles n'atteignent ma tente. Et ça ne cesse pas.
Mon téléphone à côté de moi, mes dernières affaires sèches près de moi, je me prépare au pire : que la tente ne tienne pas le coup et se déchire.
Toute la nuit je n'ai pas fermé l'oeil, ni l'oreille, à l'écoute de l'intensité du vent.
J'étudiais le bruit du vent dans le sous-bois pour comparer l'intensité de la bourrasque à venir par rapport à celle passée. Lorsqu'elle s'annoncée plus forte je me redressais dans mon sac de couchage et attrapait des deux mains les piquets de la tente pour la maintenir au sol. Et ceci toute la nuit, allumant ma lampe de temps en temps pour observer l'état du tissus de la tente aux points d'encrage de dessus de toit.
Cerise sur le gateau, alors que je veillais bien malgré moi, un bruit intense et proche à la fois m'a fait sursauter, un pottok, un ours (mon entourage m'avait tellement parlait que j'allais rencontrer des ours sur mon chemin). Autant dire que cet évènement ajouté au reste, m'a fait vivre une nuit inqualifiable. Je ne savais plus si je grelottais de froid ou de peur.
Cette nuit là j'ai dû utiliser ma couverture de survie.

05/05/10 : 5ème jour : Col -> Saint-Etienne-de-Baïgorry

Réveil difficile, euh, non... erreur, puisque je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit ! Levé difficile, alors.

Dehors le grésil tombe encore plus que la veille, la tente est recouverte de glace et au sol la glace tient et des flocons de neige commencent à tomber. Le brouillard n'a pas quitté les montagnes malgré ce vent qui continue à souffler.
Il fait vraiment froid! J'enfile mes derniers vêtements secs.
Après un pliage rapide de la tente, deux options de chemin s'offrent à moi :
- descendre par un chemin secondaire jusque dans la vallée, au risque de glisser et de me faire mal et d'être pratiquement sûr que presque personne ne passera par ce chemin aujourd'hui ou demain.
- continuer le GR10, ce qui signifiait : continuer un peu d'ascension, suivre les sommets puis descendre sur Saint-Etienne de-Baïgorry.
J'opte pour la seconde option qui finalement s’avérera la plus difficile.
Après 100 mètres d'ascension, je découvre les sommets enneigés enveloppés dans un épais brouillard.
Je galère à retrouver mon chemin alors que le balisage se trouve sur les pierres qui se trouvent elles même sous la neige. Heureusement d'autres montagnards sont passés par là, peut être dans des conditions bien pires que moi, et ont disposé des Cairns.
Mais la neige sur les cailloux et l'herbe : ça fait glisser ! J'évolue donc lentement, je perds le chemin, je le retrouve, je me prends les pieds entre les cailloux, je manque de tomber et de me tordre les chevilles. Bref une belle galère qui a duré près de 5heures.
Puis la descente vers Saint-Etienne-de-Baïgorry, descente glissante mais qui, je savais, allait me conduire à la chaleur : celle d'un foyer qui m'attendait. En effet Marjorie d'Amestoïa m'attendait en milieu d'après-midi pour passer au moins 1 jour avec elle pour me reposer et l'aider à bricoler dans sa nouvelle maison d'hôte. J'allais enfin pouvoir me sécher mes affaires.
Je mange au Fronton, place centrale de Saint-Etienne-de-Baïgorry. Cette fois ci, j'ai les chaussures qui n'ont pas tenues le coup, elles sont gorgées d'eau, et sont toutes crottées. Les gens doivent avoir compris que je faisais le GR10 car ils ne me prêtaient pas plus d'attention que ça, ils doivent avoir l'habitude...
Arrivée à Amestoïa vers 15h, j'ai les larmes aux yeux en voyant Marjorie et en entrant dans sa maison.
Comme si d'un seul coup, je réalisais vraiment ce que j'avais vécu ces 5 derniers jours. Maintenant j'allais enfin pouvoir souffler et faire le point sur la suite.
Car après cette étape, le topoguide indique que le GR10 grimpe au delà des 1200m, il fallait donc prendre une décision : continuer ou arrêter.
La pluie n'a pas cessé de tomber cette fin de journée et la journée suivante. J'ai donc décidé de mettre fin à ce début d'aventure (je pourrais même utiliser le mot "expédition"), contente d'avoir vécu ces 5 jours, et avec le sentiment heureux d'avoir vécu en 5 jours ce que je voulais vivre à travers ces 2 mois que j'avais planifiés avant de prendre le chemin à Hendaye.
J'ai quitté Amestoïa le 07/05/10 en souhaitant y revenir pour continuer le GR10, mais certainement pas seule la prochaine fois !

FIN ... en attendant la suite